1.12.14

La balade du dimanche soir... Avec ceux de 14.18




3°. Celui qui ne quitte pas mon cou dès les premiers frimas jubile. Le renard aime l'hiver. 

L'air vif pique mon visage, les poignets sont serrés au fond des poches. 

Le froid, la nuit, le silence, je les attendais pour vivre et partager l'hommage rendu par Jean-Claude Narcy et la ville de Reims à ceux de 14.18 : 100 photographies posées là, sur le parvis de la Cathédrale, rangées comme un bataillon, auréolées des lumières de Noël comme autant de lueurs d'espoir. 

Un travelling pensé pour nous, sur quatre années de Grande Guerre, de douleur et de souffrances, dans la boue, la peur, le courage et l'horreur. 

Je partais pour une sombre promenade, en quête d'émotions, d'insolite, de surprises, happée par ce livre d'histoire à ciel ouvert. 

Seulement, très vite, je me suis arrêtée. Sur elle, sur lui.  




N'avez-vous jamais remarqué ce besoin que nous avons, nous les femmes, de sauver le monde, de soigner, de soutenir, d'épauler les plus faibles, de guérir les corps, de soulager les âmes... d'apaiser les coeurs ? 

D'où nous vient cet élan protecteur ? 

L'une de mes amies appelle cela le "syndrome de l'infirmière". 

Celle qui officie en face de moi, sous la protection de Notre Dame est bien de chair et d'os. Le geste et le regard qu'elle échange avec cet homme meurtri m'immobilisent. 

"1917, un hôpital dans l'Oise. L'infirmière et l'amputé". 

Je reste là. 

Quelle fut la guerre de ces femmes, tout de blanc vêtues ? 

Qui a décrit leur combat héroïque, quand jamais il ne faut faiblir face aux plaies sanglantes, aux cris des blessés, à la désespérance et à la mort qui emporte les hommes.  

Quelles images les survivantes de cette boucherie ont-elles conservées en guise de souvenirs ? 

Quelles blessures ont-elles cachées dans leur coeur, enfouies dans leur âme ? 

Endurer le pire, dans le silence et l'ombre.  

Serait-ce parce qu'elles donnent la vie que ces femmes réussissent à puiser dans les tréfonds d'elles-mêmes, les forces de côtoyer l'indescriptible, de combattre à leur façon, pour que demain, l'humanité soit libre de grandir à nouveau dans un monde meilleur ? 

Une cloche ébranle la nuit. 

Pour tous les autres, ces oubliés de la Grande Guerre, je reviendrai. 

 

« Merci ! 100 photos pour un Centenaire » > Une exposition hommage de Jean-Claude Narcy,Président du Comité des mécènes de la Mission du Centenaire. Conçue et réalisée avec le concours de l’historien Jean-Pierre Verney. Parvis de la cathédrale de Reims, jusqu’au 5 janvier. 






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