18.1.15

La balade du dimanche soir... Ouvrons l'oeil, quelle que soit l'épaisseur de la nuit, brillent nos lumières



Après le temps des émotions, une semaine tout pile après l'élan historique d'un peuple, est venu le temps des questions. 

Deux d'entre elles me taraudent. 

Comment la nation, terre de liberté, a-t-elle pu laisser grandir, en ses fils, tant de haine au point d'assassiner avec barbarie des frères de sol ? 

Les vies misérables, l'isolement et la détresse de certains enfants de la République sont-elles acceptables dans une grande démocratie humaniste ? 

Quel âge avions-nous tandis que notre professeur de lettres nous invitait à lire Candide, et quand Voltaire (qui d'ailleurs en son époque, écrivait sous pseudo pour éviter la censure) nous encourageait à cultiver notre jardin ? 

L'âge de l'émancipation, l'âge où s'acquiert le libre arbitre, à moins que ce ne soit aussi l'âge dangereux de toutes les influences... 

Qui en doute aujourd'hui. L'instruction auprès des plus jeunes, l'accès à l'information et à la culture, parce qu'ils forgent des esprits libres et ouverts, comptent parmi les remèdes au mal qui nous ronge.  

La lumière pour l'intégration. La lumière contre l'obscurantisme. 

Ce dimanche soir, à Reims, j'entreprends de la chercher. 

La place d'Erlon frigorifiée attend la neige. Dans la vitrine de la librairie Guerlin, Malala prend timidement la pose aux côtés de Mandela au milieu d'autres ouvrages. Les deux grandes voix, qui s'élèvent pour défendre la Paix et la liberté, sont simplement posées là. 

Je suis déçue. 

M'attendais-je à trouver ici, une autre forme de relais à l'élan national pour la défense de la liberté d'expression ? Sans doute avais-je imaginé cette vitrine regorger de livres, déborder des auteurs d'aujourd'hui, des plumes d'hier, défenseurs de la liberté de penser, de la laïcité, pacifistes, dessinateurs, philosophes de France et d'ailleurs ! Mais non. 





Au pied de la cathédrale, sur la porte de la médiathèque, le panneau "Je Suis Charlie" a été retiré. Rien ne bouge dehors, rien de bouge dedans.(à moins que les exemplaires du Canard Enchaîné et de Charlie Hebdo, proposés en nombre à l'espace consultation, ne soient en train de festoyer). Le fonds dédié au dessinateur Cabu va s'étoffer dans les prochaines semaines. "La vie doit continuer". 

Rue Carnot. Celle qui fut un haut lieu de la culture à l'époque où nous étions encore des dizaines à nous engouffrer joyeusement dans un conservatoire aux allures de ruche, compte toujours sa librairie : La Procure. Ce n'est pas rien. 




Dans ses vitrines, des ouvrages religieux, mais aussi une sélection quasi touchante, une amorce d'encouragement à prendre nos responsabilités. 



Les deux kiosques du centre-ville offrent généreusement au regard, les unes qu'à cette heure ils ne peuvent pas vendre. L'hiver sera-t-il vert ? 



Ou blanc. La neige n'arrive pas. Ma bouche est meurtrie par le froid. Mes mains crèveraient mes poches si elles le pouvaient. 

A la gare, lieu de vie, de passage et de "brassage", il y a de la lumière. Et pas vraiment d'heure pour cultiver son jardin. Le dimanche jusqu'à 22 h, chacun est le bienvenu au Relay. 

Un va-et-vient permanent anime l'endroit. Ici, la liberté d'expression est palpable. 

Je fais le plein de "unes", qui patriotiques, qui pacifistes, qui pragmatiques. 

Autant d'incitations à la lecture, à l'information, au savoir. 

Essentielle diversité. Réconfortante profusion. 








  

Tout ce papier coloré, rivalisant de créativité pour attirer l'oeil, s'assemble pour former un tableau bigarré. Une mosaïque comme une représentation de notre société, bien réelle, exposée au yeux de tous. 

La France dans sa diversité, en libre accès.   

Nos intellectuels, enseignants, journalistes, artistes, partagent une mission aussi belle que difficile, vitale pour la démocratie : nourrir les esprits, les ouvrir au monde, les élever. 

Certains l'accomplissent admirablement. Cela les honore. Donnons-leur plus de place et rendons-leur hommage. 

Ils sont l'une des clés. 


http://www.franceinter.fr/emission-3d-le-journal-pedagogie-de-la-laicite



















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