12.11.14

11. 11. 2014 : couleurs d'un jour pas comme les autres, à Reims #centenaire1418




Je quitte la première, le cimetière du Nord, me hâtant aux milieux des sépultures. Debout, couchées, intactes, brisées... Silencieuses dans l'obscurité. 

Au loin, une cloche sonne 18 h 30. 

Je me sauve, car je viens de vivre une émotion rare, un jour pas comme les autres. Et je veux l'isoler, l'emporter. 

Nous sommes le 11 novembre 2014. Nous commémorons le centenaire de la Grande Guerre. 

A chaque pas qui me rapproche de la sortie, je mesure la chance d'être là. Moi, citoyenne de ce siècle, vivant dans la paix, résidente d'une cité hier tant de fois meurtrie, aujourd'hui ville d'histoire et de lumière. 

Au matin de ce jour, 96 ans après la signature de l'armistice qui met fin à la Grande Guerre, je veux aller au devant de soldats bien en vie, des  d'hommes valeureux qui ont connu l'horreur des combats. 

Approcher la vérité, quand tout cela nous semble parfois si irréel. 

Il y a Raymond, le porte drapeau, Pierre, le Président, Paul, l'engagé volontaire moult fois médaillé. "Présent".   










Au Boulingrin, juste avant le début des cérémonies, je tente de voler quelques notes de musique à l'Harmonie Municipale. 

Jouez tambours, trompettes, cornets à piston, clarinettes...
Ces hommes et ces femmes mettent en notes l'hommage et le respect.  

Ce sont des instants, précieux, authentiques, hors du cadre.




L'après-midi se montre providentiellement ensoleillée, propice au recueillement sous de belles paroles, gravée dans la pierre. 

"Enfants de Reims, tombés au champ d'honneur, que ce monument édifié par votre ville meurtrie exprime à jamais son deuil et sa fierté". 

Quelle plume a bien pu les écrire ? 




A la fin du jour, la Ville de Reims nous a donné rendez-vous avec le Souvenir Français, à l'hommage rendu aux soldats du cimetière Nord. 

Et notamment, ceux-là venus de loin pour défendre la France et notre cité. Ces soldats n'ont jamais retrouvé leur famille et reposent, carré 31. 






La vie de trois d'entre eux nous est contée par de jeunes gens, encadrés par Marc Christophe, enseignant à la retraite, engagé depuis des années, dans l'entretien des tombes de poilus.  

Le froid tente bien de nous engourdir. Quelle broutille, comparé à la souffrance endurée par ce Breton, Yves-Corentin Naviner, né à Nizon, près de Pont-Aven, arrivé à Reims à l'automne 14, tombé rue Carnot, si loin de la mer. 

A la lecture du vibrant hommage du Maire de Pont-Aven, je sens grandir l'émotion. 
Lorsqu'une poignée de terre de Bretagne, celle de sa ferme, glisse sur sa sépulture selon la volonté de sa famille, une perle d'eau salée coule sur ma joue. 





Alors ils ont chanté. La chanson de Craonne et puis la Marseillaise. Tous ces enfants, 100 voix si pures du Conservatoire Régional et des écoles, au milieu des défunts et des vivants, colorés par 100 roses, éclairés par 100 flammes vacillant dans la nuit. Devant nous, avec nous. Pour le souvenir.

"Adieu la vie, adieu l'amour, 
Adieu toutes les femmes, 
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés, 
C'est nous les sacrifiés" !


https://www.youtube.com/watch?v=z-yRaEYQNQs

http://dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/paroles/chanson_de_craonne.htm

http://www.letelegramme.fr/finistere/pont-aven/11-novembre-un-poilu-de-nizon-honore-a-reims-07-11-2014-10415676.php

Merci à vous, Messieurs Raymond Nicolas, Pierre David de la 138e Section des Médaillés Militaires et merci à Monsieur Paul Benoît pour vos souvenirs d'Indochine. J'ai voyagé avec vous à bord du Pasteur et admiré, à vos côtés, la Baie d'Halong au petit matin. Merci de votre humilité, de votre chaleur et de ce geste fraternel que vous m'avez offert, en guise d'au revoir. 

Nos enfants sortiraient grandis de vous rencontrer. 

Merci à la Ville de Reims pour ces émouvantes commémorations. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire